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Castel Vendon :  Batterie Française Tourville - Batterie Allemande "Landemer"


 

Comme de nombreux sites, Castel Vendon est difficile à caractériser de Français ou Allemand, simplement car il fut l'un ET l'autre au gré de l'histoire, chaque "camp" apportant ses modification et sa propre utilisation aux équipements laissés par le camp précédent.

En 1926 la marine française étudia la construction de batteries de défense des côtes comportant des tourelles cuirassées de deux canons de 340 identiques à ceux des cuirassés. Ces tourelles, dénommées type C modèle 1928, pesaient 600 tonnes. Les canons avaient une longueur de 15,58 m et pouvait tirer 2 coups/min. Les canons de ces tourelles avaient été commandés en 1929 à la société Schneider et livrés en 1932/1933. Deux tourelles étaient prévues pour la batterie de Cride, une pour la batterie de Metline en Tunisie et une pour Bonifacio. Les batteries de la Cride et de Bonifacio ayant été annulées, deux tourelles furent installées à Metline et les deux autres stockés au parc d'artillerie du Puits Soret.

 En 1936, le site de Castel Vendon, à l'ouest de Cherbourg, fut choisi pour y installer deux tourelles type C en remplacement de la batterie de 4 canons de 164. Le site étant visible depuis la route des paquebots passant au large, une mission d'observation étudia, le 11 février 1937, à bord du torpilleur Foudroyant, les possibilités de camouflage de la batterie.

La mission de la batterie, dénommé Tourville, était la défense des abords nord et ouest de Cherbourg contre les bâtiments cuirassés. Elle croisait ses tirs avec la batterie du Brulé (ou du Brulay) pour empêcher le bombardement de l'arsenal d'une distance inférieure à 30 km. Avec sa capacité de tir à 360 °, elle pouvait également effectuer des tirs contre des objectifs terrestres. Sa portée était de l'ordre de 35 km. Pour assurer ces tirs, un poste de direction de tir (PDT) était prévu sur le site et quatre postes de direction de tir auxiliaire devaient être installé à Jobourg, à Flamanville (500 m au nord du sémaphore), au-dessus du PDT du fort Central de Cherbourg et au 1er niveau du PDT de la batterie du Brulé (Brulay).

Le marché pour le génie civil fut attribué à l'entreprise industrielle et de travaux publics (EITP) le 13 décembre 1938, pour un montant de 29 228 616 francs. Le délai de réalisation devait être de 28 mois. Il s'agissait de construire trois ouvrages : A et B (les tourelles) et C (le PDT). Les ouvrages A et B comprenait un puits de 20,40 m de diamètre extérieur et de 6 m de diamètre intérieur, profond de 20 m. Au fond du puits étaient disposés, en étoile, les cinq magasins à munitions (2 pour les obus et 3 pour les gargousses) pouvant stocker 400 coups. L'ensemble s'inscrit dans un rectangle de 100 m sur 50 m. Chaque ouvrage était équipé d'une usine électrique de 530 kW et d'un système de ventilation et de surpression. L'ouvrage C possédait un local enterré de 37,75 m sur 5,50 m, placé au débouché de la galerie en provenance de l'ouvrage A et une construction en surface (le PDT) de trois étages de 25 m sur 10,60 m possédant des murs de 3,50 m d'épaisseur. Le toit devait être constitué de sept plaques de blindage de 240 mm d'épaisseur provenant du cuirassé Patrie. Le local souterrain de l'ouvrage C abritait le poste de calcul, le local de veille, le local ventilation et le central téléphonique. Il était relié à l'extérieur par une galerie de 100 m (issue de secours) défendus par deux créneaux et un coffre pour fusil-mitrailleur. Le PDT devait recevoir un télémètre stéréoscopique de 12 m d'envergure.

Schéma des galeries du site.Schéma des galeries du site.Les ouvrages A et B distants de 190 m étaient reliés par une galerie de 2,80 m de large et de 3,40 m de hauteur et équipée d'une voie de 60 Decauville. Une galerie de 322 m reliait l'ouvrage A à l'ouvrage C et l'ouvrage B était relié au bloc d'entrée. Ce bloc avait des murs de 2 m d'épaisseur et une porte blindée à deux battants. Il était muni de trois créneaux à fusil-mitrailleur et un coffre à fusil-mitrailleur était placé à 70 m dans la galerie. L'effectif de 150 hommes et officiers logeait dans des casernements extérieurs. À l'armistice de 1940, les locaux souterrains et le puits de l'ouvrage A étaient bétonnés jusqu'à l'avant-cuirasse. Les locaux souterrains et le massif du puits de l'ouvrage B étaient coulés en gros béton. Les fouilles de l'ouvrage C et de l'entrée étaient réalisées et le bétonnage en cours. Les galeries étaient juste percées. Le projet fut abandonné.

Les galeries et les puits non sécurisés constituent actuellement un important site d'hibernation pour les chauves-souris (+ plus 800 individus) et sont, de ce fait, interdit d'accès.

À l'automne 1943, les Allemands conçurent le projet d'aménagement du site pour y installer deux des tourelles du cuirassé Gneisenau constitué, chacune, de deux canons de 380 SKC/34. Les puits français étant trop étroits, une nouvelle construction à l'est de la position fut entreprise, mais abandonnée à la fin de 1943. Les tourelles seront utilisées au Danemark (batterie Vogelnest). À la place, l'organisation Todt construisit une batterie de 4 canons de 150 SKC/28 (portée de 23 km) sous casemate M272. Cette batterie se nommait MKB Landemer. Sur la casemate 4 se trouve un encuvement pour un canon de 20 Flak (DCA). La batterie était commandée par l'oberleutnant zur See Gerhard Kubis. En mai 1944, elle fut complétée par un canon de 120 K370, de 4 canons de 75 Flak, de lanceurs de grenades de 50 mm et d'un champ de mines. La batterie intervint avec succès le 25 juin 1944 contre la force navale US du contre-amiral Morton Dejo en route pour Cherbourg. Elle engagea également un duel avec le croiseur HMS Glasgow sans lui causer de grand dommage. Elle fut prise par le 3 rd et le 47th RIUS, le 4 juillet 1944 après un bombardement par des avions P47 Thunderbold.

Informations d'après André Unterfinger et www.lieux-insolites.fr

Castel Vendon en photos.