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L'ouvrage de Restefond - Vallée de l'Ubaye, Hautes Alpes


L’ouvrage de Restefond est un ouvrage d’infanterie situé sur la route menant au col de La Bonette (2712 m.) L’ouvrage de Restefond est considéré comme le « toit de la fortification Maginot » avec le bloc 6 culminant à 2730 m. Il fait partie dans l’organisation militaire du « Secteur Fortifié du Dauphiné, vallée de l’Ubaye ».

Son équipage provient du 73e Bataillon Alpin de Forteresse, et des hommes de la 14e batterie du 162e Régiment d’Artillerie de Position pour l’ouvrage

 

La frontière italienne la plus proche est à peine à 7 km, le col de Pouriac à 8,10 km. La mission de l’ouvrage prévu était de défendre ce col de Pouriac, le col des Fourches et les autres passages frontaliers à sa portée.

Le paysage de la Bonette et Restefond

Le projet initial de novembre 1929 prévoyait un ouvrage à 3 blocs, dont une grosse casemate équipée de 2 canons de 75, de 2 mortiers de 81, complétées par des mitrailleuses et des lances grenades pour sa protection.

Mais la doctrine change et on disperse les armements. Le projet est modifié en décembre 1930, qui passe à 6 blocs, 2 casemates pour canon de 75, 1 bloc équipé de 4 mortiers de 81, et 2 casemates d’infanterie.

Les travaux démarrent, mais le projet est encore modifié en novembre 1932 avec l’ajout d’une casemate équipée d’une tourelle de 75 R05 (parmi celles qui devaient équiper les forts Séré de Rivières mais jamais installées après que la 1ere guerre mondiale ait éclatée) pour avoir une action sur 360°, projet ajourné et reporté à un « programme complémentaire » qui ne sera jamais réalisé.

En mai 1934 le projet prévoit de remplacer les casemates de mitrailleuses par des cloches de mitrailleuses, permettant de battre de manière plus efficace en direction de la vallée de la Tinée, après l’ouverture d’une route qui permettrait aux italiens d’acheminer de l’artillerie.

Les travaux de gros oeuvre sont prévus pour s’étaler de 1931 à fin 1933 pour les travaux souterrains, et de l’été 1932 à fin 1934 pour les bétonnages extérieurs.

Le chantier connait de nombreuses vicissitudes au cours des années, les entreprises qui ont emporté les marchés ayant sans doute sous estimé la tâche, les retards s’accumulent et les délais sont dépassés, d’autres marchés succèdent aux anciens, les tensions entre le Génie et les entreprises etc...

De plus la zone située en altitude à plus de 2700m n’est accessible qu’une période assez restreinte, la neige étant présente jusqu’en mars/avril, et à nouveau dès la fin octobre, parfois sur des durées plus restreintes. Il y a aussi de nombreuses difficultés à acheminer matériaux, matériels et hommes à une telle altitude.

Les retards accumulés et la lenteur des travaux en cours font exploser le cout de l’ouvrage. En 1936, on « taille » dans les prétention et la construction du bloc d’entrée Bloc 1 est reportée. A la place il est prévu de construire un bloc simple, qui servira de prise d’air.

L’entrée de l’ouvrage est déplacée dans le prolongement du futur Bloc 2, ou une galerie de secours avait été creusée, nécessitant l’élargissement de  cette galerie.

A l’été 1936 les B3 et B 4 sont coulés, le B6 l’est partiellement en aout et septembre mais les conditions climatiques stoppent les travaux en octobre.

 

Les travaux reprennent bon train sur les années 1937/1938, si bien que fin 1938 les B3, B4 et B6 sont équipés.

Par contre les travaux dans l’ouvrage sont loin d’être achevés (montes charges, portes, réseaux électriques..)

A la veille de la guerre seuls les B3, B4, B6 et B8 (bloc cheminée d’évacuation) sont construits.

Les B2, B5 ne sont pas réalisés, et le B1 est transformé en bloc prise d’air.

Le bloc 6 tire une vingtaine d'obus le 17 Juin 1940, mais c’est du 21 au 24 Juin 40 , que près de 840 coups sont tirés pour arrêter les italiens qui font de nombreuses tentatives d’infiltrations, dans des conditions météo très difficiles (pluie, neige, brouillard)

 

En arrière de l’ouvrage 2 batteries de 4 canons de 155 ( Long mod. 1877 K36 camp de Restefond / Court St Chamond K37camp de Restefond) qui tireront un peu plus de 200 projectiles (14e batterie également)

 

Le cessez-le feu intervient le 25 juin, laissant l’ouvrage intact, sans avoir jamais été inquiété.

Les troupes françaises ont 10 jours pour se replier avec leur matériel et rendre l’artillerie inopérante.

Des groupes de « gardiennage » sont créés en septembre 1940 pour surveiller les ouvrages et dissouts le 1er mars 1941. A Restefond l’ouvrage est sous la neige d’octobre à mai...

Après le débarquement de Normandie les FFI locaux harcèlent les allemands et par la suite sont chargés de bloquer, après le débarquement de Provence, le passage de renforts venus d’Italie.

Autour du 15 septembre 1944 les allemands essayent de forcer le passage au col des Fourches, repoussés par les canons de 105 français, bientot relevés par des troupes américaines.

Le 17 septembre l’hiver arrive et les troupes se replient.

Le secteur sera réoccupé de manière par français et alliés à partir de février 1945.

Après guerre un état des lieux est établi. L’ouvrage de Restefond n’a pas subit de dégradations (difficilement voire inaccessible 6 mois de l’année) et il est considéré comme tout le secteur en 2eme urgence.

Les travaux, menés avec peu de budget se limitent au rétablissement de l’alimentation électrique, remise en route des moteurs, rétablissement des ventilations, remise en service de l’armement lorsque c’est possible.

Des travaux seront sans doute menés par la suite, l’ouvrage étant loin d’être terminé au moment de la déclaration de guerre.

Notamment en 1956 lorsque sera construite l’entrée actuelle, en prolongeant par une galerie faiblement recouverte la galerie principale qui aurait du venir du B1 jamais construit.

Les années 70 verront l’arrêt de l’entretien, l’abandon puis la ruine, les pillages, les destructions de l’ouvrage...

Malgré toutes ces dégradations l’ouvrage est en relativement bon état et offre un point de vue intéressant avec les parties souterraines non terminées notamment au niveau des dessous du B5 où sont visibles les différentes étapes de réalisation des galeries, avec encore entreposés les cintres de bois servant au maçonnage des voutes. L’ouvrage est très humide sur certaines partie. La neige s’engouffre profondément et les écoulements bouchés. L’usine électrique est particulièrement touchée.

 

Découvrez l’histoire détaillée de la construction tortueuse de l’ouvrage dans un récit particulièrement détaillé ici : https://wikimaginot.eu/V70_construction_detail.php?id=11038&su=Ouvrage_d

 

Sources : Wikimaginot ; « Hommes et ouvrages de la ligne Maginot T4 et T5 ;

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