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LE CHAR "TIGRE" de VIMOUTIERS


 

 

C’est un monument immobile, une sorte de dinosaure qui a traversé le temps pour s’offrir à nos yeux au détour d’un virage sur le bord de la route.

La folle course aux armements en général et aux chars en particulier va faire sortir des usines allemandes ce « monstre » jugé invulnérable quasiment au moment de sa sortie, de part son blindage de 120 mm sur sa face avant, bien qu'il ne bénéficie pas de l’inclinaison de 60° de la caisse, permettant de dévier les projectiles de front, et limiter l’épaisseur et donc le poids.

Le canon de 88 mm monté sur la tourelle en fait un redoutable tueur de chars.

Le char Tigre de Vimoutiers est de type 1, numéro 231, construit en mai 1944 par Henschel.

Son identification originelle est « Panzerkampfwagen VI Tiger 181 type E »

Lors des derniers jours de la Bataille de Normandie, les troupes allemandes sont repliées et encerclées dans « la poche de Falaise » qui se concluera aux abords du site du Montormel  (voir autre publication à ce sujet).

Quelques troupes et engins arrivent à s’échapper, et se disperse. Un groupe de chars prend la direction d’un dépôt de carburant pour se ravitailler, car l’un des points faibles de ces chars, c’est le poids ( 57 tonnes) qui nécessite un moteur V 12 de près de 700 CV. L’autonomie est donc très faible, de près de 100 km maxi sur route malgré plus de 500L de carburant.

C’est apparemment une panne de carburant qui immobilise notre Tigre 231 au lieu dit « la butte du Sap » le 20 aout 1944.

Gérard Roger, historien a retrouvé le chef du Tigre de Vimoutiers, Ekkehard Förster, 18 ans en 1944 ( !)

« Le 18 août 1944, le « Tiger » d’Ekkehard Förster se trouve dans le chaudron de Falaise. Sur les quatre hommes qui forment l’équipage dont il est le chef, deux sont morts, le dernier quelques jours plus tôt.
Avec son conducteur, il décide, pour ne pas tomber aux mains des alliés, de traverser les lignes ennemies malgré la mitraille et les mines.


Il enfonce donc les défenses anglo-canadiennes et fonce en direction de Vimoutiers.
A l’approche de la ville, il se dirige vers Saint-Germain ou Sainte-de-Montgommery et le 20 août fonce en direction du dépôt d’essence qui se trouve au château de l’Horloge, à Roiville, en passant par la « côte de Gacé». Tombé en panne dans un virage, il abandonne son char, sans le détruire. »

Un autre historien soutient quant à lui que le blindé aurait été sabordé par son équipage au niveau du moteur et de la tourelle avant de l’abandonner au milieu de la chaussée.

Les alliés poussent la carcasse en contrebas dans le fossé pour libérer le passage.

La paix revenue un ferrailleur qui récupère les carcasses ça et là l’achète, mais sa position inconfortable en contrebas de la route rend la récupération des matériaux malaisée. Le moteur et la boite de vitesse vidés de la caisse, l’engin est « oublié » pendant près de 30 ans !

Cependant autour de 1974-1975, la carcasse a changé de mains et les nouveaux propriétaires sont décidés à reprendre la découpe. Un habitant du secteur s’en aperçoit et fait le nécessaire pour que les travaux soient stoppés.

Le char est classé Monument Historique le 2 décembre 1975. La ville de Vimoutiers en est devenue propriétaire, et celui-ci est placé à l’endroit où il se trouve aujourd’hui, après une restauration « cosmétique ».

Depuis le site est devenu un lieu incontournable au même titre que la butte du Montormel, pour les amateurs de l’histoire de la Poche de Falaise et du débarquement.

Le char tel qu'il était resté au bord de la route jusqu'en 1975Le char tel qu'il était resté au bord de la route jusqu'en 1975

 

 

 

En 2016 l’association CATIVEN a été créée pour la sauvegarde et la restauration du char.

Depuis une décennie plusieurs projets de restauration plus ou moins poussée de l’engin sont en projet, en 2020 la DRAC a donné son accord pour une restauration extérieure, et intérieure partielle, pour un budget de près  d’1 million d’€.

L'engin a été ceinturé de grilles pour éviter que l'on ne monte sur la structure fragilisée par le temps.

En 2019 une équipe de spécialiste a scanné l'intégralité de la structure de l'engin qui avait été réouvert pour ausculter également l'intérieur (la trappe d'accès est soudée)

Le projet de déplacement, de restauration, et d'accueil dans un musée à Vimoutiers est toujours d'actualité même si le calendrier a été retardé de près de 3 ans. Le seul déplacement du char est une véritable épreuve de force, très technique, très délicate, car la structure de l'engin est fragilisée par le temps et son poids.

Espérons que le chantier puisse enfin démarrer rapidement avec l'énergie et les moyens nécessaire à la sauvegarde de ce monument.

 

Il ne resterait que 7 Tigre dans le monde, dont un 2eme en France, au musée des blindés de Saumur, resté en état quasi d’origine, d’où l’intérêt patrimonial certain de celui de Vimoutiers.

 

https://actu.fr/normandie/vimoutiers_61508/vimoutiers-un-million-d-euros-pour-restaurer-le-char-tigre_45432774.html

Association CATIVEN : https://www.chartigrevimoutiers.org/

 

Le seul  char Tigre en fonctionnement au "Tank Museeum" de Bovington en Angleterre:  https://youtu.be/dXP0QhbBDC8

Le Tigre en images