La batterie de Dollemard
La batterie de Dollemard a été construite entre 1892 et 1894 sur les hauteurs du Havre, à Sainte-Adresse. Située en retrait de la falaise, à une altitude d’environ 94 mètres pour les plates-formes de tir, elle avait pour mission de protéger l’estuaire et l’approche du port du Havre d’une attaque contre l’ennemi de l’époque, l’Angleterre. Elle pouvait croiser ses feux avec une autre batterie côtière située sur la rive Sud de l’estuaire, la batterie de Villerville ou Criqueboeuf. L’armement est composé de 4 mortiers de 270 mm ainsi que 4 canons de 95 Lahitolle. Un magasin sous roc est également creusé dans la falaise sous les pièces de 270, et sont reliés à la crête de feu par deux puits de monte-charge qui alimentent les pièces. |
Les canons de 95 sont situés un peu en décroché sur la partie droite de la batterie.
Un poste de commandement ainsi que deux postes télémétriques permettent le pointage des objectifs. Plusieurs postes téléphoniques relient différents éléments de la batterie.
Un réseau de voie de 60 complète l’alimentation en munitions des pièces d’artillerie.
La partie basse de la batterie, en arrière de la crête de feu est composée d’une cour regroupant deux bâtiments mentionnés comme « magasins du temps de paix et d’armement ». C’est du bâtiment adossé au terre-plein supérieur que part la galerie reliant le magasin sous roc à la cour.
Au fond de la cour une citerne côtoie les latrines, et à proximité à l’extérieur de la cour la maison du gardien de la batterie. Cette maison, les latrines et le petit magasin de la cour ont disparus aujourd’hui.
L’effectif de la batterie est d’environ 150 hommes dont 3 officiers. Différents travaux sont entrepris jusqu’à la première guerre mondiale. Des magasins bétonnés sont construits à chaque extrémité de la batterie.
Après la Première Guerre mondiale la batterie sera modernisée avec l’ajout de canons de 138 mm disposés en cuves. La construction débute vers 1926, et des terrains sont acquis pour encore étendre la batterie.
Lors de la prise du Havre par l’armée allemande en juin 1940, la batterie a été sabotée, les culasses des pièces d’artilleries ont disparues. Malgré cela les canons sont remis en état en 1941, puis transférés sur la zone portuaire, et l’armée allemande installe ses propres pièces en cuves bétonnées, et l’ensemble est intégré au « Mur de l’Atlantique ».
Le site sera épargné par les bombardements du Havre de septembre 1944 bien que la zone ait été pilonnée.
La batterie tombe dans l’oubli, n’est plus utilisée et subit les dégradations « classiques » pillages, récupération de matériaux etc…
En 1998 l’association « Remember 44 » y installe un chantier d’insertion qui entame un travail de restauration long et minutieux. Quelques années plus tard, en 2004 le site est alors acheté par le Conservatoire du littoral.
Le conservatoire du littoral a pour mission de protéger les espaces littoraux, d’empêcher les constructions et préserver la faune et la flore locale.
Depuis c’est l’association Aquacaux qui restaure, entretien et utilise la batterie de Dollemard.
Le projet de l’association Aquacaux fondée en 1988 est la création de projets porteurs d’espoir et d’emploi pour des personnes en difficultés, sur un ancien site de l’Otan à Octeville sur Mer.
Depuis 2014 les activités de l’association se sont élargies à la batterie de Dollemard pour accueillir une activité de création de supports de communication, essentiellement tournée vers la valorisation des espaces naturels littoraux.
Merci aux responsables d' Aquacaux pour leur accueil et leur disponibilité.
A voir aussi en vidéo, les "dossiers du Havre secret", consacré à la batterie de Dollemard