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Le barrage et le lac de Charpal, site militaire méconnu en Lozère

Les vacances d'été sont parfois la chance découvrir des lieux méconnus, insolites...et qui nous ramènent à la grande Histoire.

Certes, le terme "site militaire" est un peu abusif, mais si ça n'a pas été le cas, sa genèse vient pourtant des autorités militaires.

 

 Nous sommes en Lozère, la ligne de front est à plusieurs centaines de kilomètres ! Mais son histoire est directement liée à celle de la première guerre mondiale.

Après l'année 1916 où de réelles difficultés d'approvisionnement en munitions se font sentir, l'arrivée de Pétain a permis de remettre les choses en ordre. Conséquence à la fin du conflit, la France se retrouve avec des quantités de munitions considérables. Munitions produites par les usines françaises, mais aussi importées par les alliés. Il y a également les stocks confisqués à l'armée allemande.

L'Etat français cherche donc des sites pour pouvoir stocker toutes ces munitions, de la façon la plus simple et la moins onéreuse possible, qui pour beaucoup ne sont pas "retraitables", sauf à un coût insupportable.

En 1922 la Poudrerie Nationale de Toulouse propose ce site, pour la construction d’un barrage. Un projet de barrage avait déja été envisagé mais resté dans les cartons.

L'endroit est idéal pour une telle utilisation car il n’y a pas d’habitations dans l’environnement direct du site et la retenue d’eau ainsi constituée aura une profondeur nécessaire, sans être excessive..

De plus la matière première est présente sur le site pour la construction de l’édifice, et une voie ferrée de 15 kilomètres est construite pour acheminer matériel et chaux sur place. Cette voie ferrée, disparue aujourd’hui, culminait à 1388m, pour arriver au niveau du barrage à 1330m. Elle sera démontée en 1938.

Lorsque les travaux débutent, le projet d'immersion des explosifs est déja abandonné. L'eau du lac est jugée trop acide vu la nature du sol et les risques de corrosion sont importants.  Une certaine peur de la récupération sauvage des explosifs existe, il n'est pas envisageable de laisser un tel site sous surveillance constante. Enfin, le temps est passé, beaucoup de munitions ont été enfouies en urgence sur des sites militaires existants.

Pourtant les travaux démarrent car le lac présente tout de même un intérêt.

Les travaux durent de 1925 à 1934, et emploient jusqu’à 2000 hommes. Les hivers sont rudes dans cette région, la chaux durcit et il faut la concasser pour l’utiliser, ce qui donnera des maçonneries de piètre qualité. Des expertises diligentées concluent à une eau acide qui attaque les maçonneries.

Toujours est-il que le barrage présente de nombreuses fuites et par peur qu’il ne cède, plusieurs brèches sont pratiquées pour diminuer la hauteur et la pression de l’eau.

Le projet est abandonné et le barrage inutilisé jusqu’en 1946, date à laquelle la ville de Mende en devient propriétaire, pour assurer l’alimentation en eau potable de la ville. Le site est alors remis en eau, les abords du lacs sont aménagés et une foret plantée pour remplacer la lande d'origine. La retenue d'eau, d'une surface de 190 hectares, remplit parfaitement son rôle de réservoir.

En 1992 EDF procède à des travaux de remise en état, renforcement de l’ouvrage par injection de béton, les brèches comblées. Le lac revient à son niveau initialement prévu, ce qui permet de réguler le niveau de la rivière Truyère, située plus en aval sur laquelle se trouve une usine hydroélectrique, via la rivière Colagne qui prend naissance à la sortie du barrage.

Prévu ouvrage militaire, le barrage de Charpal permet aujourd’hui d’alimenter en eau potable 1/3 de la population du département de la Lozère.

 

(site www.massifcentralferroviaire.com et panneaux explicatifs sur site)

Le lac de Charpal en images