Le fort de Moulainville
Le fort de Moulainville a été construit entre 1883 et 1885, à une altitude de 362 mètres. Le fort est placé sur l’extrémité du plateau, en lisière de la plaine de la Woëvre qu’il surveille. Il est encadré au Nord par l’ouvrage de Déramé, et au sud par l’ouvrage de la Croix-Brandier. L’armement initial de l’ouvrage est de 4 canons de 120L, 4 canons de 95, et 2 mortiers de 22c et 15c, sans parler des pièces de flanquement des fossés. L’ouvrage est équipé d’une caponnière double à la tête, d’une caponnière de gorge au niveau de l’entrée, et de deux simples aux saillants II et IV. La « crise de l’obus torpille » survient alors que cet ouvrage est à peine terminé, et ses protections obsolètes. Il faut attendre 1889 pour que les travaux de renforcements débutent. On coule une épaisseur de « béton spécial » sur un lit de sable au-dessus de la galerie capitale et sur les locaux adjacents. Une caserne de guerre est aménagée dans l’escarpe en fond de fossé de part et d’autre de la caponnière de gorge, les façades sont aussi bétonnées. On aménage une entrée de guerre au fond du fossé également. Une casemate de bourge remplace les plates-formes de tir au niveau du saillant V. |
Il faut attendre ensuite 1905 pour voir à nouveau des travaux de modernisation, mais de grande ampleur.
Les caponnières des saillants II (simple), III (double), et IV (simple) sont remplacées par des coffres de contrescarpe bétonnés et reliés par une galerie sous les fossés au fort.
La casemate de Bourges "primitive" est refondue, et reconstruite.
Les saillants II et IV sont équipés d'une tourelle de mitrailleuses, avec observatoire cuirassé.
L'ensemble des plates-formes de tirs extérieures disparaissent, au profit d'une tourelle de 75 R05, avec observatoire cuirassé et une tourelle de 155 R 07.
Au cours de la guerre, il se fit la nécessité comme ailleurs de relier de façon souterraine les différents organes, telles les tourelles, autrement qu'en passant à l'extérieur, ce qui vu le nombre de projectiles qui visèrent le fort, était pour le moins risqué.
Il fut creusé l'un des plus long réseau de "galeries 17", avec près de 2000m de galeries.
Ce qui donne aujourd'hui à voir de vertigineux puits d'accès, tels ceux pour accéder aux tourelles de mitrailleuses.
Le fort de Moulainville fut ainsi visé du 26 février au 20 septembre 1916 par environ 330 obus de 420 mm (43 au but), 770 de 305 mm, 280 mm ou 210 mm allongés, 4 700 obus de 210 mm courts, 150 mm ou 130 mm, 2 600 obus de 105 mm et 1 100 obus de 77 mm, soit un obus par trois m², ce qui a bouleversé totalement les dessus et les fossés du fort.
Ces bombardement détruisirent le coffre du saillant II (le 3 avril 1916) et percèrent les voûtes du casernement en plusieurs endroits. La tourelle de 155 fût touchée à plusieurs reprises, en ne causant toutefois que des dégâts mineurs qui furent réparés. Il en fut de même pour celle de 75, mais cela n'entravera pas son fonctionnement.
Fortement bombardé mais jamais pris d'assaut, les pièces d'artillerie du fort crachèrent 11 800 obus de 75 et près de 5 800 de 155, pour défendre les intervalles entre le fort de Vaux (pris en juin 1916) et l'ouvrage de la Lauffée. La "vie" était pourtant intenable dans l'ouvrage, avec les fumées et gaz toxiques, les vibrations des bombardements etc.
Après la fin de la guerre, il fut décidé de réparer le fort. Les pièces d'artilleries remises en état, les massifs bétonnés réparés, et la quasi-totalité des "galeries 17" bétonnées également.
Le fort servit également pour tester une tourelle de mortier de 50 mm, qui devait équiper les ouvrages de la Ligne Maginot.
Après la seconde guerre mondiale le fort servit de dépôt de munitions et tomba dans l'oubli et l'abandon.
En 1999, après le massacre par quelques imbéciles d'une colonie de chauves-souris protégées (le Grand Rhinolophe), le fort est totalement et solidement fermé pour la protection de ces animaux utiles et inoffensifs, par le Conservatoire des Espèces Naturelles de Lorraine.
L'ensemble de l'ouvrage est toujours propriété et terrain militaire. Le fort est totalement fermé.
Merci à Julie et Cédric Vaubourg qui ont rendu cette visite possible.